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8 janvier 2008 2 08 /01 /janvier /2008 22:57

index Ben, ça va être moi jusqu'au 23 février ! Et oui ! Ciboulette a repris son barda d'agent recenseur et s'en va à nouveau à la découverte de sa ville et de ses allentours ! Aujourd'hui : réunion avec, paraît-il un technicien de l'INSEE... Gentil le technicien de l'INSSE.... Chez nous, dans le midi, on dirait : "il est brave...".... Heureusement que je l'ai fait l'an dernier, parce que les malheureux 4 nouveaux de cette année, il les a laissés plus que perplexes... Je vous l'imite : "heu.... donc... voilà.... heu... voilà quoi.... enfin vous m'avez compris..." et quand il alignait plus de 5 mots d'affilée, c'était pour dire le contraire de ce qu'il venait d'affirmer. Bref, il a laissé nos coordinatrices plus que chafouines et guère rassurées de lancer dans la bagarre des bis, ter, et autres adresses alambiquées, leur équipe encore toute flageolante du réveillon du 31 décembre !

Mais ça ira, ya pas de raison ! Mes trajets sont déjà prêts, les formulaires dans leurs enveloppes prêts à annoncer mon arrivée pour le 17 janvier date officielle des hostilités ! A partir de demain : je repère, je repère !

Allez zou mes copinautes, Ciboulette a besoin de toutes ses forces et de tous ses neurones pour mener à bien la délicate mission que la République lui confie !

Sans oublier les prépas de qui vous savez pour ce que vous savez ;-) Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut ! je n'en dirais pas plus ;-)

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6 janvier 2008 7 06 /01 /janvier /2008 23:23

moulrgran3

La voilà la surprise ! Chuuuuuuuuuuuuuuuuuuut fermez la porte, les murs ont des oreilles ! Certaines le savaient déjà, on prépare dans le plus grand secret l'anniversaire de notre cadette ! Et oui, 25 ans déjà la minette. Le thème : Moulin Rouge ! On est dans les prépas jusqu'au cou, on cogite, on s'agite, on complote.

Je vous en dirais davantage demain, avec quelques photos à l'appui.

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6 janvier 2008 7 06 /01 /janvier /2008 01:36

33277598o_aix Qui qui c'est qui va l'avoir son beau paravent oriental ? mmmmmmmmmm qui qui c'est ? C'est bibi ! Des mois, des semaines que j'en rêvais ! Il est dans le catalogue La Redoute depuis des mois aussi, et depuis des mois, il me narguait ! Si, si : il me narguait,

"dis, Cibou tu m'as vu comme je suis beau ? mmmmmmmmmmmm ? t'as vu mes couleurs chatoyantes ? je suis tout en dentelles de bois, aussi fine que celle de Calais ? et puis, j'irais bien dans ton salon ? dis, Cibou ? quoi t'en penses ?"

et patati et patata ! Dès que j'ouvrais ce fichu catalogue, crac, il me sautait à la figure, je soupirais telle Iseult attendant son Tristan .... Ah, mais l'était pas question de commencer l'année sur une contrariété ! Alors, profitant d'un méga-bon de réduction, ben Cibou s'est offert son beau paravent pour aller dans son salon !

Et le 19 janvier : IL SERA DANS MON SALON ! Promis, vous aurez les photos en prime-time comme y disent dans la boîte à troubadours !

Bisous mes copinautes et à demain, enfin à tout à l'heure, si vous le voulez bien ! et, demain je vous dirais un secret ;-)

J'ai dit demain, non, non, n'insistez pas : demain !!!

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23 décembre 2007 7 23 /12 /décembre /2007 23:15

t_bougies1

On peut allumer des dizaines de bougies, à la flamme d'une seule,

Ainsi, on multiplie l'espoir à l'infini,

Puisse cette Nuit de Noël si chère à nos coeurs,

Apporter Joie, Espérance et Amour,

A vous amies connues et inconnues,

Qui me font l'amitié de me lire,

Et parfois la grâce de quelques mots gentils...

A vous toutes, mon amitié la plus affectueuse !

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 23:35

PC150040

Voici ma table du séjour, recouverte d'un tissu prune en organza à arabesques dorés. Deux petits vides-poches rouge/rose. Et le tour est joué.

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 23:30

PC150041

Mon centre de table pour Noël. J'ai repris un de ceux du mariage de ma fille aînée. Sable rose et prune, bougies roses et prunes. Le tout entouré d'une branche de lierre artificiel. J'ai posé le centre de table sur un dessous d'assiette doré.

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 16:16

Cinq minutes après, la foule des seigneurs s'asseyaient dans la grande salle, le chapelain au milieu d'eux. Le château illuminé de haut en bas, retentissait de chants, de cris, de rires,, de rumeurs ; et le vénérable Dom Balaguère plantait sa fourchette dans une aile de gelinotte, noyant le remord de son péché sous des flots de vin du Pape et de bon jus de viandes. Tant il but et mangea, le pauvre saint homme, qu'il mourut dans la nuit d'une terrible attaque, sans avoir eu le temps de se repentir. Puis, au matin, il arriva au ciel encore tout en rumeur des fêtes de la nuit, et je vous laisse à penser comment il fut reçu.

- Retire-toi de mes yeux, mauvais chrétien ! lui dit le souverain Juge, notre maître à tous. Ta faute est assez grande pour effacer toute une vie de vertu... Ah ! tu m'as volé une messe de nuit... Et bien, tu m'en payeras trois cents en places, et tu n'entreras au paradis que quand tu auras célébré dans ta propre chapelle ces trois cents messes de Noël en présence de tous ceux qui ont péché par ta faute et avec toi.

Et voilà la vraie légende de Dom Balaguère comme on la raconte au pays des olives. Aujourd'hui le château de Trinquelage n'existe plus, mais la chapelle se tient encore droite tout en haut du mont Ventoux, dans un bouquet de chênes verts. Le vent fait battre sa porte disjointe, l'herbe encombre le seuil, il y a des nids aux angles de l'autel et dans l'embrasure des hautres croisées dont les vitraux coloriés ont disparu depuis longtemps. Cependant, il paraît que tous les ans, à Noël, une lumière surnaturelle erre parmi les ruines, et qu'en allant aux messes et aux réveillons, les paysans apercoivent ce spectre de chapelle, éclairé de cierges invisibles qui brûlent au grand air, même sous la neige et le vent. Vous en rirez si vous voulez, mais un vigneron de l'endroit, nommé Garrigue, sans doute un descendant de Garrigou, m'a affirmé qu'un soir de Noël, se trouvant un peu en ribote, il s'était perdu dans la montagne du côté de Trinquelage ; et voici ce qu'il avait vu...

Jusqu'à onze heures, rien. Tout était silencieux, éteint, inanimé. Soudain, vers minuit, un carillon sonna tout en haut du clocher, un vieux, vieux carillon qui avait l'air d'être à dix lieues. Bientôt, dans le chemin qui monte, Garrigue vit trembler des feux, s'agiter des ombres indécises.

Sous le porche de la chapelle, on marchait, on chuchotait :

- Bonsoir Maître Arnoton !

- Bonsoir, bonsoir mes enfants !

Quand tout le monde fut entré, mon vigneron, qui était très brave, s'approcha doucement, et, regardant par la porte cassée, eut un singulier spectacle. Tous ces gens qu'il avait vus passer étaient rangés autour du choeur, dans la nef en ruine, comme si les anciens bancs existaient encore.

De belles dames en brocart avec des coiffes de dentelle, des seigneurs chamarrés du haut en bas, des paysans en jaquettes fleuries ainsi qu'en avaient nos grand-pères, tous l'air vieux, fané, pourssiéreux, fatigué. De temps en temps, des oiseaux de nuit, hôtes habituels de la chapelle, réveillés par toutes ces lumières, venaient rôder autour des cierges dont la flamme montait droite et vague comme si elle avait brûlé derrière une gaze ; et ce qui amusait beaucoup Garrigue, c'était un personnage à grandes lunettes d'acier, qui secouait à chaque instant sa haute perruque noire sur laquelle un de ces oiseaux se tenait tout empêtré en battant silencieusement des ailes.

Dans le fond, un petit vieillard de taille enfantine, à genoux au milieu du choeur agitait désespérement une sonnette sans grelot et sans voix, pendant qu'un prêtre, habillé de vieil or allait, venait devant l'autel, en récitant des oraisons dont on entendait pas un seul mot...

Bien sûr, c'était Dom Balaguère, en train de dire sa troisième messe basse...

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 15:35

Il n'y a plus que quelques pas à faire pour arriver à la salle à manger ; mais, hélas, à mesure que le réveillon approche, l'infortuné Balguère se sent pris d'une folie d'impatience et de gourmandiese. Sa vision s'accentue, les carpes dorées, les dindes rôties sont là, là... Il les touche... Il les... Oh Dieu ! ... Les plats fument, les vins embaument, et secouant son grelot enragé, la petite sonnette lui crie :

- vite, vite encore plus vite !

Mais comment pourrait-il aller plus vite ? Ses lèvres remuent à peine. Il ne prononce plus les mots... A moins de tricher tout à fait avec le Bon Dieu et de lui escamoter sa messe... Et c'est ce qu'il fait le malheureux ! de tentation en tentation, il commence par sauter un verset, puis deux. Puis l'épître est trop longue, il ne la finit pas, effleure l'Evangile, passe devant le Credo sans entrer, saute le Pater, salue de loin la préface, et par bonds et par élans se précipite ainsi dans la damnation éternelle, toujours suivi de l'infâme Garrigou (vade retro, satanas !), qui le seconde avec une merveilleuse entente, lui relève sa chasuble, tourne les feuillets deux par deux, bouscule les pupitres, renverses les burettes, et sans cesse secoue la petite sonnette de plus en plus fort, de plus en plus vite.

Il faut voir la figure effarée que font tous les assistants ! Obligés de suivre à la mimique du prêtre cette messe dont ils n'entendent pas un mot, les uns se lèvent quand les autres s'agenouillent, s'asseyent quand les autres sont debout ; et toutes les phrases de ce singulier office se confondent sur les bancs dans une foule d'attitudes diverses. L'étoile de Noël en route dans les chemins du ciel, là-bas, vers la petite étable, pâlit d'épouvante en voyant cette confusion...

- l'abbé va trop vite... on ne peut pas suivre,

murmure la vieille douairière en agitant sa coiffe avec égarement

Maître Arnoton, ses grandes lunettes d'acier sur le nez, cherche dans son paroissin ou diantre on peut bien en être. Mais au fond, tous ces braves gens, qui eux aussi pensent à réveillonner ne sont pas fâchés que la messe aille à ce train de poste, et quand Don Balguère, la figure rayonnante, se tourne vers l'assistance en criant de toutes ses forces : ITE MISSA EST, il n'y a qu'une voix dans la chapelle pour lui répondre un DEO GRATIAS si joyeux, si entraînant, qu'on se croirait déjà à table au premier toast du réveillon.

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 14:52

C'est la messe de minuit qui commence. Dans la chapelle du château, une cathédrale en miniature, aux arceaux entrecroisés, aux boiseries de chêne, montant jusqu'à hauteur des murs, les tapisseries ont été tendues, tous les cirges allumés. Et que de monde ! Et que de toilettes ! Voici d'abord, assis dans les stalles sculptéess qui entourent le choeur, le sire de Trinquelage, en habit de taffetas saumon, et près de lui tous les nobles seigneurs invités. En face, sur des prie-Dieu garnis de velours, ont pris place la vieille marquise douairière dans sa robe couleur de feu et la jeune dame de Trinquelage, coiffée d'une haute tour de dentelle gauffrée à la dernière mode de la cour de France. Plus bas on voit, vêtus de noir avec de vastes perruques en pointe et des visages rasés , le bailli Thomas Arnoton et le tabellion Maître Ambroy, deux notes graves parmi les soies voyantes et les damas brochés. Puis viennent les gras marjordomes, les pages, les piqueurs, les intendants, dame Barbe, toutes ses clefs pendues sur le côté à un clavier d'argent fin. Au fond, sur les bancs, c'est le bas office, les servantes, les métayers avec leurs familles ; et enfin, là-bas, tout contre la porte qu'ils entrouvent et referment discrètement, messieurs les marmitons qui viennent entre deux sauces prendre un petit air de messe et apporter une odeur de réveillon dans l'église toute en fête et tiède de tant de cierges allumés.

Est-ce la vue de ces petites barrettes blanches qui donne des distractions à l'officiant ? Ne serait-ce pas plutôt  la sonnette de Garrigou, cette enragée petite sonnette qui s'agite au fond de l'autel avec une précipitation infernale et semble dire tout le temps :

- dépêchons-nous, dépêchons-nous... plus tôt nous aurons fini, plus tôt nous serons à table.

Le fait est que chaque fois qu'elle tinte, cette sonnette du diable, le chapelain oublie sa messe et ne plus qu'au réveillon. Il se figure ls cuisiniers en rumeur, les fourneaux où brûle un feu de forge, la buée qui monte des couvercles entrouverts, et dans cette buée deux dindes magnifiques bourrées, tendues, marbrées de truffes... Ou bien encore il voit passer des files de pages portant des plats enveloppés de vapeurs tentantes, et avec eux il entre dans la grande salle déjà prête pour le festin. Ô délices ! voilà l'immenses table toute chargée et flamboyante, des paons habillés de leurs plumes, les faisans écartant leur ailes mordorées, les flacons couleur de rubis, les pyramides de fuits éclatants parmi les branches vertes, et ces merveilleux poissons dont parlait Garrigou (ha ! bien oui, Garrigou !) étalés sur un lit de fenouil, l'écaille nacrée comme s'ils sortaient de l'eau, avec un bouquet d'herbes odorantes dans leurs narines de monstres. Si vive est la vision de ces merveilles, qu'il semble à Dom Balaguère que tous ces plats mirifiques sont servis devant lui sur les broderies de la nappe de l'autel, et deux ou trois fois, au lieu de Dominus vobiscum ! il se surprend à dire le Benedicite. A part ces légères méprises, le digne homme débite son office très consciencieusement, sans passer une igne, sans omettre une génuflexion ; et tout marche assez bien jusqu'à la fin de la première messe ; car vous savez que le jour de Noël, le même officiant doit célébrer trois messes consécutives.

- Et d'une ! se dit le chapelain avec un soupir de soulagement ; puis, sans perdre une minute, il fait signe à son cler ou celui qu'il croit être son clerc, et...

Drelindin din ! drelindin din !

C'est la seconde messe qui commence, et avec elle commence aussi le péché de Dom Balaguère.

- vite, vite dépêchons-nous, lui crie de sa petite voix aigrelette la sonnette de Garrigou.

Et cette fois, le malheureux officiant, tout abandonné au démon de la gourmandise, se rue sur le missel et dévore les pages avec l'avidité de son appétit en surexitation. Frénétiquement il se baisse, se relève, esquisse les signes de croix, les génuflexions, raccourcit tous ses gestes pour avoir plus tôt fini. A peine s'il étend ses bras à l'Evangile, s'il frappe sa poitrine au Confiteor. Entre le clerc et lui c'est à qui bredouilleras le plus vite.

Versets et répons se précipitent, se bousculent. Les mots à moitié prononcés, sans ouvrir la bouche, ce qui prendrait trop de temps, s'achèvent en murmures incompréhensibles.

- Oremus... ps... p, ç,... p,i...

- Mea culpa... pa... pa...

Pareils à deux vendangeurs pressés foulant le raisin de la cuve, tous deux barbotent dans le latin de la messe, en envoyant des éclaboussures de tous les côtés.

- Dom... scum... dit Balaguère.

- Stutuo ! répond Garrigou.

Et tout le temps la damnée petite sonnette est là qui tinte à leurs oreilles, comme ces grelots qu'on met aux chevaux de poste pourles faire galoper à la grande vitesse. Pensez qu'à ce train-là une messe basse est vite expédiée.

- Et de deux ! dit le chapelain tout essouflé ; puis sans prendre le temps de respirer, rouge, suant, il dégringole les marches de l'autel et...

Drelindin din ! drelindin din !

C'est la troisième messe qui commence !

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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 13:23

messe_minuit_01

Les Trois Messes Basses

- Deux dindes truffées, Garrigou ?...

- Oui, mon Révérend, deux dindes magnifiques bourrées de truffes. J'en sais quelque chose, puisque c'est moi qui ai aidé à les remplir. On aurait dit que leur peau allait craquer en rôtissant, tellement elle était tendue...

- Jésus, Maria ! moi qui aime tant les truffes ! Donne moi vite mon surpli, Garrigou... et avec les dindes, qu'est-ce que tu as encore aperçu à la cuisine ?...

- Oh ! toutes sortes de bonnes choses... depuis midi nous n'avons fait que plumer des faisans, des huppes, des gelinottes, des coqs de bruyère. La plume en volait partout... Puis de l'étang on a apporté des anguilles, des carpes dorées, des truites, des...

- Grosses comment, les truites, Garrigou ?

- Grosses comme ça, mon Révérend... Enormes !

- Oh mon Dieu ! Il me semble que je les voie... As-tu mis le vin dans les burettes ?

- Oui mon Révérend ! j'ai mis le vin dans les burettes... Mais dame ! il ne vaut pas celui que vous boirez tout à l'heure en sortant de la messe de minuit. Si vous voyiez cela dans la salle à manger du château, toutes ces carafes qui flambent pleines de vins de toutes les couleurs... Et la vaisselle d'argent, les surtouts ciselés, les fleurs, les candélabres ! Jamais il ne se sera vu un réveillon pareil. Monsieur le Marquis a invité tous les seigneurs du voisinage. Vous serez au moins quarante à table, sans compter le bailli ni le tabellion.. Ah vous en êtes bien heureux d'en être, mon Révérend ! Rien que d'avoir faliré ces belles dindes, l'odeur des truffes me suit partout...

- Allons, allons mon enfant. Gardons-nous du péché de gourmandise, surtout la nuit de la Nativité.. Va vite m'allumer les cierges et sonner le premier coup de la messe ; car voilà que minuit est proche, et il ne faut pas nous mettre en retard.

Cette conversation se tenait une nuit de Noël de l'an de grâce mil six cent et tant, entre le Révérend Don Balagère, ancien Prieur des Barnabites, présentement chapelain gagé des sires de Trinquelage, et son petit clerc Garrigou, ou du moins ce qu'il croyait être son le petit clerc Garrigou, car vous saurez que le diable, ce soir-là, avait pris la face ronde et les traits indécis du jeune sacristain pour mieux induire le Révérend Père en tentation et lui faire commettre un épouvantable péché de gourmandise.

Donc, pendant que le soit-disant Garrigou faisait à tour de bras carillonner les cloches de la chapelle seigneuriale, le Révérend achevait de revêtir sa chasuble dans la petite sacristie du château ; et, l'esprit déjà troublé par toutes ces descriptions gastronomiques, il se répétait à lui-même en s'habillant :

- des dindes rôties... des carpes dorées... des truites grosses comme ça...

Dehors, le vent de la nuit soufflait en éparpillan la musique des cloches, et, à mesure, des lumières apparaissaient dans l'ombre aux flancs du mont Ventoux, en haut duquel s'élevaient les vieilles tours de Trinquelage. C'étaient des familles de métayers qui venaient entendre la messe de minuit au château. Ils grimpaient la côte en chantant par groupes de cinq ou six, le père en avant, la lanterne à la main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s'abritaient. Malgré l'heure et le froid, tout ce brave peuple marchait allègrement, soutenu par l'idée qu'au sortir de la messe, il y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur la rude montée, le carrosse d'un seigneur précédé de proteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agittant ses sonnailles, et à la lueur des falots enveloppés de brume, les métayers reconnaissaient leur bailli et le saluaient au passage :

- bonsoir bonsoir Maître Arnoton !

- bonsoir bonsoir mes enfant !

La nuit était claire, les étoiles avivées de froid ; la bise piquait, et un fin grésil, glissant sur les vêtements sans les mouiller, gardait fidèlement la tradition des Noëls blancs de neige. Tout en haut de la côte, le château apparaissait comme le but, avec sa masse énorme de tours, de pignons, le clocher de sa chapelle montant dans le ciel bleu-noir, et une foule de petites lumières qui clignotaient, allaient et venaient, s'agitaient à toutes les fenêtres et ressemblaient, sur le fond sombre du bâtiment, aux étincelles courant dans les cendres de papier brûlé... passé le pont-levis et la porterne, il fallait pour se rendre à la chapelle, traverser la première cour toutes claire du feu des torches et de la flambées des cuisines. On entendaitle tintement des tournebroches, le fracas des casseroles, le choc des cristaux et de l'argenterie remués dans les apprêts d'un repas ; par là-dessus, une vapeur tiède qui sentait bon les chairs rôties et les herbes fortes des sauces compliquées, faisait dire aux métayers comme au chapelain, comem au bailli, comme à tout le monde :

- quel bon réveillon nous allons faire après la messe !

Drelindin din ! drelindin din ! 

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