... M. Bouygues nous a raccrochés au nez, nous laissant au comble de l'inquiétude. Imaginer Nénette courir devant l'incendie nous est insupportable... M. Ciboulette est prêt à se jeter dans la voiture pour courir sauver la prunelle de ses yeux... Hélas, trois fois hélas : 800 km nous séparent. On se rassure en se disant que Fréjus, même cerné par les incendies, c'est pas la guerre et que c'est bien le diable si le téléphone ne sonne pas à nouveau d'ici la fin de la soirée 
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Heureusement, le téléphone n'a pas sonné avant le lendemain : j'aurais jamais pu supporter le direct 
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... Sur la plage, la situation n'est pas encore gravissime, et pas totalement désespérée, mais elle sent tout d'même le roussi : l'incendie, malgré les contre-feux, n'en fait qu'à sa tête et interdit toute possibilité de repli vers l'intérieur des terres... Les fumées, rabattues par le mistral, rendent l'air irrespirable... La situation n'est plus tenable... Le pompier-berger, après avoir fait asseoir tout son monde, gueule qu'on lui envoie fissa-illico-presto-subito... des zodiacs pour évacuer son troupeau... par la mer... On lui répond que l'endroit où le troupeau stationne... n'est pas pratique... et qu'il convient de le déplacer un chouïa vers l'est, afin de faciliter son évacuation .
Sitôt dit, sitôt fait : le pompier-berger remet tout le monde debout et ordonne de marcher vers l'est au pas de gymnastique : les étrangers disciplinés sont déjà en route, tandis que .... les français cherchent à savoir le pourquoi du comment et commencent à contester l'utilité de la manoeuvre... Le pompier-berger hurle que si dans la minute qui suit, ils n'ont pas rejoint la tête de la colonne, il les laissera griller comme les merguez du barbecue... Une telle éventualité vient à bout des contestataires. Soufflant, portant, tirant l'un, poussant l'autre, la troupe avance cahin-caha... Doudou épuisé, émet l'idée d'abandonner son chargement sur place... Le regard noir de Nénette l'en dissuade tout de suite 
!
Enfin, au loin, les bruits de moteurs venus de la mer annoncent la fin prochaine du calvaire... Le pas s'allonge.... A la vue des zodiacs voguant à toute vitesse vers eux, le troupeau ne se tient plus de joie et les derniers mètres se font en courant 
! A peine les zodiacs posés sur le sable, les réfugiés se jettent sur leurs sauveteurs et supplient qu'on les mène loin de cet enfer ! Avec le filet de voix qui lui reste, le pompier-berger menace le troupeau de l'abandonner sur la plage, si le calme ne revient pas IMMEDIATEMENT !!!
"Les femmes et les zenfants d'abooooooord !"
... Les marins-pompiers giclent de leurs zodiacs et volent au secours... des minettes filiformes ou pulpeuses en strings, bikinis et paréos... lesquelles, rassurées par ces gaillards musclés et sexy, se laissent sauver en toute confiance ... les mères pourvues de gniards grognons et les matrones cinquantenaires à forte cellulite sont, elles, priées de se démmerder par leurs propres moyens.... leurs moitiés respectives croulant sous leur chargement, n'étant pas en mesure d'aider à la manoeuvre... .
... C'est ainsi que, Doudou fleurant bon la sueur et l'odeur de fumée, se voit enlever sous ses yeux stupéfaits, SA Nénette en bikini blanc à fleurs rouges, par un marin-pompier au doux accent antillais et tout acquis à la cause de Nénette, effrayée et tremblante ... Doudou refuse de monter dans un autre zodiac qui lui tend les bras, éjecte une solide teutone qui lui barre la route et s'installe, lui, et ses trois énoooooooooormes sacs à l'arrière du bateau 
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... Chargés à ras la gueule de vacanciers et de sacs, les zodiacs quittent la plage... Un gamin assoiffé réclame à boire... Il est prié de patienter : la glacière est avec papa dans une autre embarcation.... Nénette retrouve ses esprits :
"Doudouuuuuuuuuuuuuuuu.... dans ton sac... à gauche... non, l'aut' gauche.... ya ce qu'il faut pour le petiiiiiiiiiiiit !!!"
Doudou ne comprend pas. Nénette insiste : "siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii dans le sac à gauuuuuuuuuuuuuuuche, je te diiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis !!!"
Doudou ne veut pas comprendre, Doudou ne veut pas croire... qu'il a porté de 16 h 00 à 20 h 00.... sur 10 km.... un sac qui lui a n**** l'épaule ... et qui contient.... l'intégralité du frigo paternel !
Et ce, à la plus grand joie des passagers, à qui Nénette, souriante et tout à fait remise de ses émotions, offre force rafraîchissements et petis gâteaux 
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L'antillais acquis est désormais conquis... C'est compter sans Doudou.... Délesté d'un sac, Doudou retrouve aisance et souplesse : en deux bonds, Doudou s'installe d'autorité entre Nénette serviable et l'antillais conquis... Roule des yeux noirs à l'un et un regard meurtri à l'autre... L'antillais est confit et Nénette flattée !
... A ce jour, Doudou refuse encore de passer ses vacances dans les DOM-TOM, boycotte 'Ti Punch et accras .... et n'achète jamais le calendrier des pompiers 
!
