Pourquoi le Fenêt ?
Dans une énumération de domaines situés sur les bords de la Loire, Charles le Chauve en 845 cite la « villa Fano ». Cette dénomination pourrait correspondre à une transposition du mot " Fenet ". Auquel cas, il viendrait de « Fanum - lieu consacré, petit temple » pour les gallo-romains. Cependant, le toponyme, privé de son "t" final, est sérieusement déformé.
Au bas d'un acte concernant le moulin à cuivre de Distré, apparaît la signature de Joscelin de Fenet : « Signum Goscelini de Fenet » ( Livre Blanc de l'abbaye de Saint-Florent, n° 89 ). Cette charte peut être datée des environs de 1040 et elle atteste de l'ancienneté du premier bourg de Fenet, presque qu'aussi ancien que le bourg de Saumur. Cette fois, la présence du "t" final invite à se tourner vers un terme assez rare du bas-latin, « fenetum - le foin, le grenier ». Cette dernière explication, plus solide que la précédente, ne paraît pas pleinement satisfaisante.
Le bourg médiéval
Ce premier faubourg, remontant au XIe siècle, est situé au-dessous de la Montée du Petit-Genève. De forme à peu près carrée, comme il apparaît sur ce plan des années 1750, il comprend les maisons du fond de la place Saint-Michel et s'étend jusqu'à l'actuelle rue du Relais et même jusqu'à la rue des Trois-Marchands, aujourd'hui fermée. Des aveux des XVe-XVIIe siècles nous renseignent sur les nombreuses activités de ce petit centre animé. Il comprend les Ecuries du Roi, recevant les chevaux et leurs écuyers, servant également de poste. Elles donnaient sur l'actuelle rue Raspail. Le roi René les aliène ; elles appartiennent à René Apvril en 1654. Mais ce quartier accueille au XVIIIe siècle la poste aux lettres. Quatre hôtelleries y sont implantées : " Saint-Michel " ; " la Gerbe " ou " la Gerbe d'Or " ( au XVIII ème seulement ) ; " les Trois Mores " et " les Trois Marchands ", établissements voisins, dont l'un s'est d'abord appelé " les Trois Rois ". Dans ce quartier actif, bien desservi par le port Saint-Michel, fonctionne aussi une tannerie.
Le quartier suivant, déjà plus étiré, s'étend jusqu'à l'actuelle rue de la Croix du Vigneau. Bâti à partir des 15e et 16 èmes siècles, il se consacre en particulier au travail des métaux, surtout du cuivre et du bronze, produisant des cloches et des poêles. De belles maisons à tourelles d'escalier attestent de la prospérité de certaines familles.
A partir de 1770, la famille Mayaud y installe son négoce, sa fabrique artisanale d'objets de piété, puis les ateliers animés par une machine à vapeur. A gauche, les bâtiments de la maison Mayaud, construits dans le style XVIII ème, en partie au siècle suivant. A droite, la manufacture de la place Allain-Targé ( 19-20e siècle ) ateliers de montage et pendant un temps musée des patenôtriers. En arrière, la cheminée de la machine à vapeur de la rue Jean-Jaurès, surmontée par la chalet perché sur le coteau ( l'une et l'autre aujourd'hui disparus ).
La grande rue du pèlerinage bâtie sur ses deux côtés
Cette rue n'était qu'un chemin rural quand le pèlerinage des Ardilliers a pris son essor, à partir du XVIe siècle. L'étroit passage entre les éboulis du coteau et la Loire est consolidé par un quai construit par les administrateurs de la chapelle en 1556. Au siècle suivant, le quartier passe sous la tutelle des pères de l'Oratoire, qui lancent des campagnes de construction. Sur les deux côtés de la rue poussent des maisons où les patenôtriers fabriquent et vendent des objets de piété, maisons en général modestes, identifiables par les arcatures de leurs boutiques.
Les maisons adossées au coteau
Plus près de la chapelle et passée la coupure de la rue d'Anjou, les maisons, en général hautes et bien alignées, ne sont plus construites qu'au pied du coteau. Remontant à la fin du XVIe siècle ou aux quarante premières années du XVII ème, ces maisons de la rue Rabelais servaient d'hôtelleries ou appartenaient à des maîtres marchands.
Voir le dossier consacré à l'essor de Fenet avec deux gravures représentant ce quartier.
Le troglodytisme
De la montée de Petit-Genève aux jardins de la Maison de l'Oratoire, le quartier est dominé par l'ensemble troglodytique le plus important de Saumur. Dans la cour de l'hôtel de la Gerbe, une petite habitation totalement souterraine attirait l'attention des artistes hollandais Doomer et Schellinks en 1646. Elle est dans le même état aujourd'hui.
L'habitat est plus souvent semi-troglodytique. Sur la photo ci-contre, les chambres en arrière étaient creusées dans le tuffeau, mais des maisons à deux étages s'élevaient en avant.
A mesure qu'on se rapproche des Ardilliers, les ensembles troglodytes se développent autour de deux sentiers qui se faufilent dans le rocher jusqu'à la rue des Moulins : la montée du Coteau Charier et la montée du Bois-Doré. Ces lieux, truffés de galeries, sont les plus fragiles de la falaise. Deux fondis, deux écroulements spectaculaires s'y produisent, l'un en 1622 écrase la Lamproie et fait 40 victimes, l'autre en 1703 écrase la maison de Jeanne Delanoue.
La construction du grand quai bordant la Loire est une étape capitale dans l'aménagement de ce quartier. Les travaux, commencés en 1784, s'arrêtaient à la place de la République lors du début de la Révolution. Ils sont poursuivis par petites tranches : sur le cadastre de 1812 ( ci-dessus ), ils atteignent la hauteur de l'actuelle rue du Général-Bontemps, où ils stoppent brusquement. Au-delà, un chemin de rive de plus en plus étroit ne permet guère la circulation ( il est la préfiguration de l'actuelle rue du Bellay ).
De gros chantiers sont repris peu après et achevés vers 1828 ( voir travaux urbains de 1814 à 1834 ). Cependant, le " quai de Limoges " n'est totalement terminé qu'en 1838, après son pavage ( A.M.S., O 32 ). Un vaste ensemble triangulaire gagné sur le fleuve est alors rehaussé et bâti.
Vers 1910
Cette carte postale figure l'ouest du quartier vers 1910, avant les bouleversements récents. On identifie, à partir de la gauche, la cheminée de la maison Mayaud, surmontée par le châlet et plus à droite par les anciens moulins. En avant, la Maison d'Arrêt et le Palais de Justice. En arrière de ce dernier, les premières maisons de la rue Jean-Jaurès et la montée du Petit-Genève. En bas, à droite, les bâtiments à cour occupaient l'emplacement de la place Sainte-Jeanne-Delanoue. Au-dessus, la chapelle du cours Dacier.
LE SINISTRE DU 22 AVRIL 2001
Le 22 avril 2001, vers 2 heures du matin, une importante portion de la partie Ouest du rempart Nord du château de SAUMUR s’est écroulée quelques minutes après l’effondrement de son terrain de support.
Cette muraille de 45 mètres de long sur 35 mètres de haut qui s’est affaissée sur elle même, comprenait le rempart haut de 17 mètres et son soubassement de 18 mètres de hauteur.
Reconnu catastrophe naturelle par l’arrêté du 6 juillet 2001 publié au Journal Officiel du 18 juillet 2001, ce phénomène, probablement favorisé par la fracturation de la roche et la présence de caves à la base de la falaise, est consécutif à une diminution importante des caractéristiques mécaniques (perte de cohésion) du matériau de support, due à sa saturation par les eaux d’infiltration liées à la pluviométrie exceptionnelle des mois précédents.
L’éboulement a emdommagé une partie du foyer des jeunes travailleurs, la maison de l’artisanat et a provoqué de nombreux désordres structurels sur les bâtiments de l’îlot Raspail. Il a par ailleurs laissé d'énormes masses de maçonneries privées d’appui et a fortement déstabilisé l’aile Nord et la tour Nord-Ouest du château.
Ce fut un miracle qu'il n'y ai pas eu de victimes....